©Marc Robitaille
Yves de Koninck est professeur au département de psychiatrie et de neurosciences à l’Université de Laval et directeur de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec. Il est également le directeur scientifique du Réseau québécois de recherche sur la douleur.
Pourquoi un événement comme le 24 heures de science vous semble important?
L’avenir de notre société passe par le développement des connaissances : une meilleure compréhension de notre monde à tous les niveaux. Les gens sont avides de ces informations mais nos médias ne s’y intéressent pas assez, c’est dommage qu’il n’y ait pas une couverture plus importante. Le 24 heures de science est une très bonne occasion pour les toucher. Il faut éveiller l’intérêt des jeunes, beaucoup trouvent ça cool mais il faut leur faire voir tout ce qui peut se faire. Il faut aussi contrer le discours antirecherche classique « des chercheurs qui cherchent on en trouve mais des chercheurs qui trouvent on en cherche ». Les gens ne sont pas conscients de ce que fait réellement le chercheur. C’est bien la recherche fondamentale qui est le moteur initial, on ne peut pas faire seulement de la recherche appliquée : ce serait comme couper les jambes de quelqu’un et lui demander de courir.
Où se rejoignent art, science et recherche selon vous?
Des gens qui ont une passion, s’émerveillement devant la nature et veulent comprendre : c’est le point de départ. Les gens pensent que le scientifique analyse la nature de façon extérieure et que l’artiste produit quelque chose venant de l’intérieur. En réalité, l’artiste essaye de transformer la nature pour ensuite observer le résultat de l’extérieur. Le scientifique quant à lui est devant un mystère. Il a des intuitions sur le fonctionnement interne, émet des hypothèses et va ensuite manipuler pour voir si cela s’avère ou non. Le scientifique travaille de façon rationnelle et l’artiste à travers un volet plus émotionnel, mais les deux sont très complémentaires. On appréhende le monde selon ces deux grands plans de l’intelligence humaine. Je travaille sur ces deux aspects dans le domaine de la douleur pour comprendre comment l’être humain réussit à intégrer le monde extérieur.
Où est l’art dans votre quotidien professionnel?
En neurosciences, je travaille sur des choses qui ont des aspects très visuels. D’autre part, je m’implique dans le développement de nouvelles technologies pour observer le cerveau. Beaucoup de ces technologies utilisent la lumière qui est un outil par excellence pour voir des choses comme le cerveau en action. Il y a un aspect esthétique car c’est d’une beauté incroyable tout en révélant une réalité mécanique, c’est une chance de pouvoir allier ainsi les deux. L’émerveillement revient à chaque fois, c’est un moteur pour continuer.
Cet article s’inscrit dans le dossier de presse que j’ai conçu pour le 24 heures de science.